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Parlons baroque

3 Déc 2024

Cette grande période de la musique classique a fait passer à l’histoire les noms de ses plus éminents compositeurs, tels Bach et Vivaldi, et a marqué notre culture ici même, au Québec !

Dans cet article, nous vous proposons de retourner à ses racines et, au passage, de redécouvrir un peu des nôtres…

La musique instrumentale… pour elle-même

L’histoire de la musique se divise en plusieurs périodes correspondant à autant de styles de composition différents. La période de la musique baroque s’ouvre quant à elle avec la création de l’opéra Orfeo de Monteverdi en 1607 et il est convenu qu’elle se termine à la mort de Jean-Sébastien Bach, survenue en 1750.

Si jusque-là la musique était surtout associée à la voix, la musique instrumentale devient alors appréciée pour elle-même ou pour accompagner la danse qui, principalement en France, connaît un développement fulgurant. Rappelons que Louis XIV lui-même aimait se produire sur scène à titre de danseur. Des instruments s’imposent, tels le clavecin, la flûte, le luth, la viole de gambe ; ils sont prisés en solistes, mais aussi bien sûr pour accompagner la voix, qu’il s’agisse de simples balades ou de pièces pour chœur.

Un répertoire inspirant et inspiré

Toujours toutes aussi populaires, les œuvres suivantes appartiennent au répertoire baroque : le Miserere d’Allegri (1638), le Canon de Pachelbel (1680), Les Quatre Saisons de Vivaldi (1723), les Suites pour violoncelle seul de Bach (c. 1723), le Messie de Haendel (1741).

Contrairement à l’ensemble de la musique classique particulièrement codée sur le plan de la composition, la musique baroque laisse place à l’improvisation tant en ce qui a trait à la partie instrumentale qu’à la partie vocale. Ainsi, il est possible qu’une pièce vocale diffère d’un interprète à l’autre : selon l’inspiration du moment, on ajoutera ici et là ce que l’on appelle des ornementations. Il en va de même pour la partie instrumentale, où l’on pourra y a aller de quelques improvisations. Aussi étonnant que cela soit, vu cette liberté qu’elle accorde aux interprètes, la musique baroque est parfois comparée au jazz.

Musique baroque en terre d’Amérique

La période de musique baroque (1607-1750) correspond de façon assez surprenante à celle de la Nouvelle-France (1608-1760).  Bien que trop souvent ignorée par les historiens, la musique occupait une place importante au sein de la nouvelle colonie, et cela tout autant chez les simples colons que chez l’élite constituée de bourgeois marchands, d’officiers, du gouverneur et de l’intendant, etc. Il était plutôt normal que ces nouveaux arrivants débarquent sur le nouveau continent avec les simples chants qui avaient bercé les uns et les musiques qui animaient les bals des autres.

Qui plus est, les instruments populaires en France à l’époque ont aussi accompagné ces aventuriers, comme on peut s’en douter, au sein des communautés religieuses et de la société politique. Et tout comme le vieux français a perduré en Nouvelle-France en raison de la coupure avec la mère patrie occasionnée par la conquête anglaise, la musique instrumentale et les chants anciens ont traversé le temps et se sont transmis chez nous d’une génération à l’autre. C’est ainsi qu’À la claire fontaine, chant traditionnel composé au XVe ou XVIe siècle, et que la gigue, mouvement de danse incontournable de l’époque avec le menuet, la courante et la sarabande, demeurent toujours aussi présents dans nos mémoires.

Pas étonnant que le Québec constitue aujourd’hui une destination mondiale de la musique baroque, tant pour ses programmes de formation et ses festivals internationaux (Festival Bach de Montréal, Festival Montréal Baroque) que pour le nombre impressionnant d’ensembles musicaux entièrement dédiés à ce répertoire ‒ plus d’une vingtaine, sans compter le grand nombre d’interprètes de calibre international qu’on y retrouve ! Pas étonnant non plus que le public d’aujourd’hui, inconsciemment bercé par la mémoire même de ses ancêtres, demeure si réceptif à ce répertoire.

Un texte de Jean-Pierre Harel